La dette publique continue de s’alourdir, frôlant la barre de 100% du PIB. La Tunisie est en pleine crise de la dette publique et les équilibres financiers sont complètement rompus. La dette publique a atteint des niveaux très élevés avec 91,8 milliards de dinars au cours des onze premiers mois de 2020. De même, pour l’encours de la dette intérieure et les paiements au titre du service de la dette qui ont franchi successivement la barre de 31 et 10,6 milliards de dinars (15,7%).
Pour saisir l’ampleur de la crise, «il ne faut se limiter à la dette directe, il faut lui rajouter les dettes indirectes des entreprises publiques et des banques, qui sont garanties par l’Etat. Cette aggravation de la dette est liée à plusieurs facteurs. Le premier est bien évidemment celui de la détérioration des finances publiques et la montée du déficit des finances publiques après la révolution, suite à l’augmentation rapide des dépenses, alors que le rythme de progression des recettes est plus limité», précise Hakim Ben Hammouda, ancien ministre des Finances. Le second facteur concerne la baisse de la croissance qui explique la faible augmentation des recettes de l’Etat.
Inertie des finances publiques
La crise sur la dette publique n’en finit pas de faire parler d’elle, au point qu’on se demande s’il y a une solution. Comment peut-on alors endiguer la dette publique ? Selon Radhi Meddeb, expert économique, et P.-d.g. de Comet Engeneering, «la sortie de cette situation insupportable ne sera ni rapide ni aisée, il n’y a pas de miracle. Les finances publiques ont leur inertie, leur rythme. Elles ne se gèrent pas à la hussarde. Les inflexions seront longues à mettre en œuvre, encore plus longue à produire leurs effets, si nous voulons éviter les soubresauts politiques et sociaux dont le pays n’a nul besoin».
D’autres experts pensent que les pouvoirs publics peuvent envisager des réponses conjoncturelles à la crise de la dette, «mais les réponses structurelles résident dans une meilleure maîtrise de nos grands équilibres macroéconomiques et dans un retour de la croissance économique», ajoute Ben Hammouda.
C’est dire que l’enjeu est de taille lorsqu’on sait que, dix ans après le soulèvement de 2011, le pays, par l’effet d’une crise de gouvernance et une pandémie meurtrière de la Covid-19, est au bord de la faillite et est proche du Club de Paris, pour un éventuel rééchelonnement de sa dette.
Propositions tuniso-tunisiennes
L’ancien président du conseil des analyses économiques Afif Chelbi est revenu, récemment, sur la crise économique et les solutions à mettre en place. Il a lancé un appel à l’Ugtt et l’Utica pour entamer rapidement le dialogue national. L’objectif étant de mettre en place un pacte national commun, proposé et signé par les deux organisations et divers autres parties, afin d’aller aux discussions avec le FMI avec une force de négociation et des propositions tuniso-tunisiennes concrètes de sortie de crise.